Qu’est-ce qu’un écrivain ? Voici une question à laquelle il peut sembler facile de répondre. Pourtant, si on prend quelques minutes pour réfléchir, on se rendra vite compte que la réponse est plus complexe qu’il n’y paraît.
Dans cet article, nous allons passer en revue trois critères qui font de quelqu’un un écrivain.
Premier critère : l’écrivain est quelqu’un qui est capable de produire un texte !
Cela semble si logique ! Un écrivain doit être capable d’écrire, de faire preuve d’imagination. Oui, mais écrire quoi ?
- Il est évident que la seule capacité à écrire ne fait pas de quelqu’un un écrivain. Prenons un exemple : l’imagination et les capacités d’écriture sont des choses qui sont travaillées dès l’école maternelle. Les enfants sont invités à développer leur imagination en modifiant des textes lus ou même en inventant leur propre histoire. Ils se basent pour cela sur des structures qu’ils ont déjà rencontrés. Bien entendu, à ce stade, il s’agit d’un travail guidé par l’enseignant et, la plupart du temps, d’un travail de groupe. Néanmoins, à partir de ce moment, ils sont en contact avec la littérature et les processus de création. Plus tard, on leur demandera de répondre à d’autres consignes, de plus en plus complexes, pour les conduire à progresser dans ce domaine. Pourtant, on ne dira jamais d’un enfant, d’un lycéen ou d’un étudiant qu’il est un écrivain seulement parce qu’il produit les textes qu’on lui demande de produire.
- Puisque écrire (ou dire) un texte ne semble pas suffire à faire de quelqu’un un écrivain, que faut-il ajouter ? Peut-être la notion d’indépendance. Il est nécessaire pour l’écrivain d’être capable de faire ses propres choix, d’aller au delà des modèles pour les contourner, les détourner. Cependant, une fois encore, on voit bien que cela n’est pas totalement satisfaisant. Écrire ses propres textes en dehors des consignes scolaires, c’est bien, mais, pour autant, n’importe qui ne devient pas écrivain, n’importe quoi n’est pas considéré comme texte littéraire.
- Est-ce alors une question de quantité ou de régularité ? Les productions des écrivains varient. Là où certains vont écrire dix livres par an, d’autres n’en auront produit qu’un seul. Peut-on pour autant dire que c’est cela qui leur confère leur statut ou le modifie ? Un écrivain le reste-t-il si, à un moment donné, il renonce à l’écriture ?
A travers ces exemples, on constate que faire preuve d’imagination pour être capable d’écrire, d’écrire seul et de produire des textes ne suffit pas à faire de quelqu’un un écrivain.
Deuxième critère : être écrivain c’est savoir écrire des textes de qualité
Voilà un critère qui paraît un peu plus précis que ceux évoqués précédemment.
- Écrire des textes de qualité, cela veut dire, en premier lieu, être capable d’écrire des textes corrects dans leur forme, en ce qui concerne l’orthographe, la grammaire, la syntaxe. Quiconque ouvrirait un livre plein d’erreurs le refermerait bien rapidement. Rien n’est plus désagréable que de lire en butant sur chaque mot ou phrase. Même si ce critère peut paraître moins important qu’à une époque – les logiciels de correction orthographique/grammaticale facilitant le travail – il reste primordial.
- Écrire des textes de qualité, c’est également être capable de travailler le texte au niveau du fond. Il s’agit d’étonner son lecteur, de le faire voyager sans qu’il quitte son fauteuil, de ne pas tomber dans les clichés. A notre époque, les écrivains subissent la concurrence des films (télé, cinéma), jeux vidéo, etc. Ils doivent donc savoir donner assez de couleurs à leurs œuvres pour captiver, que ce soit en ce qui concerne les textes de fiction, les autobiographies, la poésie et les autres genres littéraires.
Il y a, comme nous venons de le voir, un véritable travail d’écriture à fournir lorsqu’on désire obtenir l’appellation d’écrivain. Les formes finales varient mais la réflexion qui est derrière chaque texte n’en reste pas moins présente.
Un écrivain est quelqu’un capable d’écrire des textes, des textes de qualité. Pour autant, est-ce suffisant ?
Troisième critère : la reconnaissance publique de l’écrivain
Peut-être est-ce finalement le critère le plus important pour qualifier quelqu’un d’écrivain. Pourtant, là encore, de nombreuses questions se posent. A partir de quel moment la reconnaissance du public est-elle valable ?
- On s’accordera certainement à dire que la lecture par la famille, les pairs, les amis est insuffisante. En effet, leur appréciation pourra facilement être faussée par des critères d’ordre affectif.
- Si l’on passe à l’étape supérieure, on pourra dire que la reconnaissance du public commence au moment où les textes sont proposés à des inconnus ou, tout du moins, à des personnes capables d’un jugement objectif. Néanmoins, on constatera qu’il peut arriver qu’un texte plaise à certains et déplaisent à d’autres, selon les personnalités.
- Allons donc plus loin. J’ai souvent entendu dire que quelqu’un est un écrivain à partir du moment où il est édité. Voilà un repère facile aux yeux du public. Cependant, pour ma part, je ne me suis pas sentie plus écrivain après la publication de “Petits Chaperons dans le rouge”. Ce n’était pour moi qu’un texte de plus après une dizaine d’années d’écriture. Bien entendu, il s’agissait de la publication d’un collectif et non pas d’une œuvre personnelle. Est-ce assez pour se prétendre écrivain ?
Alors qu’est-ce qu’un écrivain ? Faut-il faire peser dans la balance la qualité des textes produits, leur quantité, le degré de succès auprès du public, leur originalité ? Ou faut-il faire un mélange complexe de ces différents critères ?
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Crédit photo : |JL62|