Cette semaine, je vous propose de découvrir un nouveau jeu d’écriture. C’est un exercice
proche de l’histoire à quatre voix puisqu’il s’agit, ici aussi, d’écrire quatre fois la même histoire de base. Au lieu de modifier le narrateur, je demande aux abonnés de mon coaching de changer l’époque à laquelle se déroule leur intrigue.
Voici mon interprétation de l’histoire à quatre époques, en gardant pour base la fable “Le corbeau et le renard” de Jean de La Fontaine :
Fable 1 : La Préhistoire
Monsieur CroMagon, dans sa grotte installé
Cuit sa viande à la fin du jour.
Maître Loup, par le feu embêté
Lui tient à peu près ce discours :
« Eh Bonjour Monsieur de CroMagnon !
Que vous semblez intelligent ! Que vous êtes perspicace !
Sans mentir, si votre maîtrise du feu est aussi bonne que votre adresse à la chasse
Vous êtes le prince des habitants de ces monts ! »
A ces mots, l’homme ne se sent pas de joie
Et pour prouver ses capacités, éteint le feu, laisse approcher le Loup.
L’animal se saisit de la viande, recule d’un coup
Et transforme l’aventure en loi :
« Mon bon Monsieur, apprenez que tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute ;
Cette leçon vaut bien une part de viande, sans doute ! »
Monsieur de CroMagnon, honteux et confus,
Jure, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendra plus.
Fable 2 : L’antiquité
Grand Pharaon en haut de son trône perché,
Attrape un plateau de dattes tout juste ramassées.
Son esclave dévoué, par le parfum captivé,
Prépare un mensonge éhonté :
« Oh grand Pharaon ! Que vous êtes sublime, que vous me semblez puissant !
N’oubliez pas les dangers que vous courrez,
Complot contre votre divinité, trahison, empoisonnement.
Laissez-moi donc goûter une ou deux dattes avant de vous en emparer. »
Pharaon, flatté par tant de sollicitude, ouvre les mains, laisse le plateau.
L’esclave s’en empare et se sert aussitôt.
Une fois rassasié, il explique :
« Mon bon Pharaon, n’ayez peur de rien,
Nul ne peut en douter, les dattes ne sont pas empoisonnées ! »
Heureux de la nouvelle, Grand pharaon reprend son bien
A la quantité nettement diminuée !
Fable 3 : Le Moyen-Age
Maître chevalier sur son fier destrier
Tient en sa main une épée aux milles joyaux.
Maître voleur par les diamants attiré
Prépare une tirade bien à propos :
« Eh, bonjour Maître Chevalier !
Que vous êtes vaillant ! Que j’admire votre habileté !
Sans mentir, vous avez tout pour resplendir !
Si votre adresse à la lance équivaut à votre tenue de l’épée
Vous serez vainqueur de tous les tournois à venir. »
A ces mots, le chevalier se sent très flatté
Et pour montrer son habileté, saisit la lance, lâche l’épée.
Maître voleur s’en saisit, laisse sa joie s’exprimer :
« Mon bon chevalier, apprenez que tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute
Cette leçon vaut bien une épée, sans doute. »
Maître chevalier, honteux et confus
Jure, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendra plus !
Fable 4 : La Renaissance
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tient en son bec un grain d’aspect étincelant.
Maître explorateur, à la recherche du métal doré,
Se lance dans un discours plein de boniments :
« Eh ! Bonjour Monsieur du Corbeau !
Que vous êtes joli, que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces rivages ! »
A ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie
Et pour montrer sa belle voix, ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Maître explorateur la rattrape au vol et dit :
« Je cherche de l’or, ce n’en est point, je ne connais pas ceci ! »
Maître Corbeau, amusé, se lance dans un discours enflammé :
« Le maïs sur nos terres cultivé régale le coeur bien plus que l’or mal gagné ! »
Maître explorateur, honteux et confus
Jure, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendra plus.
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Crédit photo : Bernard Blanc