Pour le 27ème jeu d’écriture, je propose à mes abonnés d’écrire un petit conte à la manière de “La Belle Lisse Poire du prince de Motordu”. Il s’agit d’inventer une courte histoire en tordant certains mots pour créer un monde un peu étrange !
Comme pour les autres jeux d’écriture, j’ai relevé le défi en partant de la fable “Le corbeau et le renard” de Jean de La Fontaine. Voici ce que j’ai écris :
Il était une fois un cordeau, qui, c’était certain, n’était pas à peindre. Il vivait près d’une belle saison qui abritait de nombreux animaux : des boules, des taches, des boutons. Il y avait aussi deux ou trois pas pour chasser les soucis.
Le cordeau était gourmand. Tous les jours, il observait les boules qui pondaient. Dès qu’elles tournaient le dos, il volait leurs boeufs. Les jours où il n’y avait pas de boeufs, il se débrouillait pour chiper un hommage dans la cave. Et quand il n’y avait ni boeufs ni hommage, il se contentait du blé des taches dans l’écuelle des pas.
Ces menus larcins ne passaient pas inaperçus à la belle saison. Le cordeau étant prudent, nul n’arrivait jamais à le surprendre. Le fermier, sa lame et sa petite bille accusaient donc le retard qui vivait dans le foin.
Ce fameux retard, qui se contentait de croquer les sapins de garenne sans jamais s’approcher de la belle saison, s’agaçait beaucoup de devoir porter le chameau.
– Ce cordeau mériterait d’être mis en page ! râlait-il sans arrêt.
Comme il craignait pour sa vie, le retard se résolu à déménager dans un foin moins fréquenté des tomes. Mais avant de partir, il était bien décidé à passer un massage au cordeau.
L’occasion se présenta bientôt, un jour où le sommeil brillait haut dans le miel. Ce matin-là, le cordeau repéra sur le grand sable de la cuisine un magnifique râteau !
– J’aime tellement les déserts ! chantonna-t-il pour lui seul. Quand il y a des loirs, des murs et des Françoises, je n’y résiste pas.
Un oeil à droite, un oeil à gauche. Personne. Il plongea par la fenêtre, ouvrit le bec, attrapa le râteau et fila aussi sec.
Caché à l’arrière de la belle saison, le retard avait tout vu. Il suivit le cordeau et le trouva perché sur un lapin, le râteau dans le bec.
Le retard se lança alors dans un fromage bien préparé :
– Bonjour, maître Cordeau. Que vous êtes peau ! Que vous êtes jauni ! Sans mentir, si votre rasage se rapporte à votre massage, vous êtes le prince des notes de ses poix.
Ses pots flattèrent l’égos du cordeau. Pour montrer sa belle noix, il ouvrit un large bec lâcha son râteau.
Le retard s’en saisit et dit :
– Apprenez que tout flâneur vit au dépend de celui qui l’écoute. Ce massage vaut bien un râteau, sans doute.
Le cordeau, honteux et confus, jura mais un peu tard qu’on ne l’y prendrait plus. Cela ne l’empêcha pas de poursuivre ses bols autour de la belle saison. Ainsi, instruit et plus prudent que jamais, il vécut heureux et mangea beaucoup de bons petits plats jusqu’à la fin de ses jours.
Au départ, j’ai eu un peu de mal à me lancer. Je n’avais pas vraiment d’idée pour ce jeu d’écriture. J’ai écrit quelques lignes aussitôt effacées. Au bout d’un petit moment de réflexion, une première idée de mot tordu est venue, puis une autre : c’était parti !
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