Jeu d’écriture 16 : Les deux cerveaux.


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corbeau, renard, morbier et jeu d'écriture
Pour ce 16ème jeu d’écriture, j’ai choisi de vous présenter l’exercice des Deux cerveaux. Une fois de plus, j’ai voulu vous donner un exemple à partir de la fable Le Corbeau et le Renard de Jean de La Fontaine. 


Le jeu des deux cerveaux est en réalité un exercice facile à comprendre. Il s’agit d’écrire deux fois la même rencontre en prenant soin de mettre en avant les capacités distinctes de notre cerveau droit et de notre cerveau gauche. En d’autres termes : écrire un texte dans lequel domine la logique et la simple exposition des faits puis un texte dans lequel on laisse s’exprimer les émotions.

Je vous laisse découvrir mes propositions :

Le corvidé et le canidé

C’était le 8 Juillet 1668 à l’aube. J’étais au cœur de la forêt du Massacre dans le Jura, au sommet du Crêt Pela à 1495 m d’altitude. Afin de prendre un peu plus de hauteur sur la situation, j’avais élu domicile sur la branche d’un épicéa située à 45 m du sol. Moi, vertébré tétrapode ailé au plumage noir appartenant à la classe des corvidés, je tenais en mon bec un Morbier AOP entier de 30 cm de diamètre et 5 cm d’épaisseur. Lisse et homogène, sa croûte affichait une teinte orangée. Le parfum persistant du fromage allécha un vieux canidé roux. Il me lança quatre phrases brèves mais efficaces :
– Eh ! Bonjour Monsieur du Corbeau ! Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Sans mentir si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.
En entendant ces mots, je pris la décision de lui offrir un concert d’une minute. J’ouvris le bec et laissais tomber le Morbier. Le fromage traversa l’espace qui le séparait du Renard en 3 secondes 12 centièmes. Rattrapé par le canidé, il fut dévoré en moins de temps encore.
– Apprenez mon bon Monsieur que tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute ! sermonna le renard.
21 secondes après avoir perdu ma proie, je jurais qu’on ne m’y prendrait plus.

 

Le corbeau, honteux et confus

Cette histoire me rend malade, malade, malade ! Quelle honte ! Quelle infamie ! Une maladresse pareille ! Lâcher un si beau fromage simplement pour démontrer la véracité de la parole flatteuse d’un renard ! Ah comment ais-je pu être aussi bête ? Ma pauvre mère m’avait pourtant prévenu dès le nid : ne jamais écouter les dires d’un être sans plumes ! Comment ai-je pu l’oublier ?
Que s’est-il passé, me diriez-vous ? Faut-il vraiment que je m’abaisse encore à l’expliquer ? Ne puis-je enterrer ce secret ? Mais le monde entier le saura, Renard, j’en suis certain, s’en vantera !
Je le dirai puis je mourrai… de honte. Il n’y a que cela pour sauver mon déshonneur !
Pour mon malheur, il y a eux choses auxquelles je ne peux résister : la nourriture et le chant. Ce matin-là, j’avais trouvé un fromage… et pas n’importe quel fromage ! Un Morbier AOC de Franche-Comté ! Sa seule senteur, mélange de crème et de fruits, ouvrait mes appétits. Sa texture douce et moelleuse convenait parfaitement à mon palais délicat. Son goût, que je percevais de façon légère, m’entraînait sur des sentiers gustatifs inconnus jusqu’alors. Ah… quel fromage ! Parfait, sublime, extra ! Je m’apprêtais à déguster ce met raffiné lorsque Maître Renard le perfide me lança un discours si doux à mes oreilles que j’en oubliais un instant la réalité.
– Bonjour Maître ! fit-il.
Maître quel mot délicieux !
– Que vous êtes joli ! Que vous êtes beau !
Voilà des propos rigoureusement exacts mais qu’il est merveilleux de s’entendre répéter.
– Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois !
Si mon ramage ! Mais bien sûr que ma voix est aussi magnifique que mes plumes ! Elle est mon orgueil, ma gloire, ma couronne ! Hélas, Renard le traître ne s’intéressait nullement à mes extraordinaires capacités vocales. Le fromage avalé, il s’est permis une petite conclusion machiavélique – on n’abat pas ainsi un ennemi à terre, c’est contraire au code de l’honneur !- :
– Mon bon Monsieur, apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.
Mon cœur est à nu, j’ai tout avoué ! Laissez-moi maintenant ruminer ma honte mais je jure qu’on ne m’y prendra plus !

A l’issue de ce jeu d’écriture, je me rends compte une fois encore que j’ai beaucoup moins de mal à écrire des textes dans lesquels parlent les sentiments que des textes précis et mathématiques !

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Crédit photo : foodpr0n.com



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