Jeu d’écriture 14 : 5 sens pour créer !


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jeu d'écriture Le corbeau et le renard
En prenant le temps de revoir l’ensemble des jeux d’écriture que je vous ai proposés jusqu’à présent, je me suis rendue compte que j’en avais oublié un ! Pas d’inquiétude, je rattrape aujourd’hui mon retard avec cet exercice intitulé “5 sens pour créer”.

Parmi les conseils que je donne aux abonnés de ma newsletter, il y en a un que j’aime répéter : lorsque vous écrivez, n’oubliez pas de solliciter les 5 sens de votre lecteur ! Le jeu “5 sens pour créer” cherche à développer cette habitude. Il s’agit de décrire un même souvenir en insistant sur l’un ou l’autre des 5 sens. 

Voici ce que cela donne au travers de l’histoire des très célèbres Corbeau et Renard de Jean de la Fontaine :

J’ai vu Le corbeau et le renard !

Je me souviens… il y a longtemps, un petit sentier brun très caillouteux serpentait entre deux rangées serrées de sapins verts foncés. Les branches basses des arbres, éternellement jaunies par le manque de lumière, faisaient l’effet de balais de sorcières près à étouffer les voyageurs égarés. Pourtant, si d’aventure on osait braver la forêt, on découvrait après un millier de pas, une clairière où poussait une herbe haute couleur olive. Quelques bleuets et pissenlits s’y logeaient au printemps, créant en désordre des tâches plus vives ; on y croisait des sangliers et de grands lièvres bruns, plus rarement un cerf à l’immense ramure.
C’est au sein de cette clairière que, dans la lumière bleue d’un matin, mon œil se posa sur un corbeau. Perché sur une branche flétrie, il était d’un noir profond. Ses plumes luisaient tout comme ses petits yeux vifs. Le gros fromage beige coincé dans son bec lui donnait un air un peu idiot. Incommodé par l’ombre créée, un renard leva vers lui son nez noir et frémissant. Les moustaches qui y étaient attachées se mirent à trembler tandis qu’une goutte de salive perlait à ses babines. Selon toute évidence, il avait repéré le fromage. Le corbeau était pratiquement à sa portée, pourtant, le renard ne bondit pas. Au contraire, il balaya les fleurs violettes de sa queue touffue et s’assit au pied de l’arbre.
« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
Sans mentir si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
Le Corbeau resta tout frissonnant d’un si bel hommage. Sans réfléchir, il ouvrit le bec et laissa tomber sa proie. Le fromage traversa en un instant l’espace qui le séparait du renard. La bête s’en saisit et dit :
« Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le renard dévora ensuite son butin sous les yeux d’un corbeau furieux mais quelque peu honteux.

J’ai entendu Le corbeau et le renard !

Je me souviens… il y a longtemps, un petit sentier serpentait entre les sapins de la forêt. Si d’aventure on l’empruntait, toute la vie des bois sautait à l’oreille du promeneur. On pouvait entendre une multitude de sifflements, de piaillements, de craquements ; le Pivert pianotant contre un tronc, le cri un peu rouillé du Bec Croisé, le frémissement léger des feuilles sous le pas du cerf, le froissement des épines devant le sanglier et, en écoutant bien, il était même possible de percevoir le frémissement des moustaches d’un renard ! Ces sons allaient crescendo au fur et à mesure de la progression sur le sentier.
Pourtant, au cœur de cette agitation, il existait un havre de silence un peu étrange. Une clairière. Un matin je m’y retrouvais. Alors que je commençais tout juste à entendre danser mes pensées profondes, un craquement me fit tourner la tête. Un corbeau, alourdi par le fromage qu’il tenait dans le bec, venait de se poser sur une branche basse. Alerté par le bruit inhabituel, un renard ne tarda pas à venir caqueter dans la clairière.
« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau, claironna-t-il allegro.
Que vous chantiez bien hier soir ! Que votre voix portait loin !
Sans mentir, si vous me faisiez l’honneur d’une aubade
De la qualité de votre dernière sérénade
Vous seriez le Phénix des hôtes de ses bois. »
A ces mots, le corbeau ne se sentit plus de joie et, pour montrer sa belle voix, ouvrit un large bec. Les mâchoires du renard se refermèrent sur le fromage avec un claquement sec. Après une dégustation bruyante, il dit d’une voix forte :
« Mon bon chanteur
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de l’oreille qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
« Je jure, hurla le corbeau, qu’on ne m’y prendra plus ! »
Il va sans dire qu’après le départ des deux animaux, la clairière retrouva son silence coutumier.

J’aurais souhaité vous présenter un texte pour chaque sens mais l’article aurait alors été trop long. Ce sera peut-être pour une prochaine fois !

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Crédit Photo : bpmm



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